Naissance d'un alphabet
Suite de l'article : "ADLaM, l'alphabet qui sauvera un peuple ..."
Par jeu, Abdoulaye et Ibrahima se mirent à faire des petits dessins et en associèrent certains aux sonorités du fulani qu'aucun alphabet existant ne symbolisait. Ils les montrèrent à leur père et à leur instituteur qui, d'abord intrigués puis très intéressés, les encouragèrent. Un nouvel alphabet de 28 caractères était en train de naître en cette fin du XXe siècle ! Mais pour qu'un alphabet existe, il faut le faire connaître et adopter. Les deux frères se livrèrent d'abord à des démonstrations devant un notable régional. Abdoulaye dictait des phrases à Ibrahima qui écrivait ce qu'il entendait, puis ils inversaient leurs rôles. Tout fonctionna parfaitement.
Ils commencèrent alors à enseigner leur alphabet à leur famille et leurs amis, chacun à son tour, une fois instruit, devant l'enseigner à trois autres personnes. Ils s'installèrent ensuite régulièrement sur des places et des marchés pour élargir leur public. L'ADLaM, du nom des cinq premières lettres de ce nouvel alphabet, était l'acronyme de la phrase : « L'alphabet qui sauvera un peuple de la disparition ». Il fallut aux deux frères des dizaines d'années de sensibilisation, de combat même, puisque Abdoulaye fit trois mois de prison, avant que leur système d'écriture soit largement utilisé, permettant à des millions de gens dans le monde d'accéder à la lecture et à l'écriture.
Sans leur détermination, sans l'aide de tous ceux qui, enthousiastes, ont eu à cœur de transmettre leur savoir, jamais cet alphabet n'aurait été inscrit dans le système UNICODE (2016) qui lui donne désormais sa place sur les réseaux sociaux et Google (2017).
« Nous voulions juste que les gens puissent écrire correctement dans leur propre langue, explique Abdoulaye Barry qui vit aujourd'hui dans l'Orégon, aux Etats Unis. Si nous avions su tout ce qu'il faudrait faire, je ne crois pas que nous l'aurions fait ».
sources :
https://owdin.live/2016/11/18/lalphabet-qui-sauvera-un-peuple-de-la-disparition/